Jardin du Souvenir

Sur cette page, les membres actuels de l'AMAES tiennent à faire vivre le souvenir de celles et ceux qui nous ont précédés. Une place toute particulière est réservée à Marguerite-Marie Dubois, à qui l'on doit la création de l'AMAES, ainsi qu'à André Crépin, qui fut très longtemps  président de l'association et qui a créé sa revue, le Bulletin des Anglicistes Médiévistes (aujourd'hui Etudes Médiévales Anglaises).

Marguerite-Marie Dubois

co-fondatrice de l'AMAES

Mlle Dubois en 1944
Mlle Dubois en 1944

Marguerite-Marie Dubois († 29 mars 2011) a contribué aux études médiévales et linguistiques une bibliographie impressionnante. Sa vie et son oeuvre sont un exemple pour les membres de l'association qu'elle a fondée.

Mlle Dubois a soutenu et inspiré, par sa générosité d'esprit et son amitié fidèle, les travaux de nombreux des adhérents à l'AMAES. Voici les notices de quelques ouvrages qui lui sont dédiés tout particulièrement.

 

- Bulletin des Anglicistes Médiévistes 80 (hiver 2011).

- Mouchon, Jean-Pierre. Esquisse de l'enseignement de l’anglais et des études anglaises en France au XXe siècle (des méthodes et des hommes). Marseille : Terra Beata, 2006.
- Joly, André. Fragments d’une vie de philologue, interview de M.-M. Dubois. Modèles linguistiques XXVII-1:53 (2006).
- Mouchon, Jean-Pierre. Hommage à M.-M. Dubois pour ses quatre-vingt-dix ans. Carnet des études anglo-saxonnes et nord-américaines 25 (juin 2005). 

- Stévanovitch, Colette ; préf. André Crépin. La chronique d’Ingulf ; Hauts faits et méfaits des Vikings en Angleterre médiévale. Roman et histoire. Collection GRENDEL, 4. Paris : AMAES, 2000. Volume offert à Marguerite-Marie Dubois à l’occasion de son 85e anniversaire.

 

Ces publications témoignent des compétences exceptionnelles et de l'attachement que Mlle Dubois suscitait de la part de ses collègues et élèves.

André Crépin

président de l'AMAES (1975-2006)

M. Crépin en 2002
M. Crépin en 2002

André Crépin († 8 février 2013) a été président de l'AMAES pendant la plus grande partie de l'existence de notre association.

Très grand spécialiste de langue et de littérature médiévale anglaise, André Crépin a aussi marqué les mémoires pour son dévouement à l'organisation des études et de la recherche en France, ayant occupé de très nombreuses responsabilités, mais aussi et surtout pour son humour et sa très grande gentillesse. André Crépin ne s'est jamais reposé sur ses lauriers, pourtant nombreux (il a ainsi été récompensé par la médaille de l'OBE, Order of the British Empire, et été nommé chevalier de la légion d'honneur et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), mais a continué ses activités de recherche jusqu'à la fin de sa vie.

 

Parmi ses très nombreuses publications, nous citerons notamment ses éditions de Beowulf et des Contes de Canterbury ainsi que son manuel Deux mille ans de langue anglaise.

 

Le Bulletin des Anglicistes Médiévistes 82 lui est entièrement consacré.

 

Voir aussi:

- Études de linguistique et de littérature en l’honneur d’André Crépin, D. Buschinger et W. Spiewok dir., Geifswald, 1993.


- Heroes and Heroines in Medieval English Literature. Presented to André Crépin, L. Carruthers dir., Cambridge, 1994.


- Mélanges de langue, littérature et civilisation offerts à André Crépin à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, D. Buschinger et A. Sancery dir., Amiens, 2008.

Membres de l'AMAES

L'espace ci-dessous est dédié à la mémoire des membres qui nous ont quittés.

Jean-François Barnaud

Jean-François Barnaud († 2009) a longtemps été membre de l'AMAES et a été l'élève à la fois d'André Crépin et de Marguerite-Marie Dubois. Cette dernière lui rend hommage dans ce texte que vous pouvez télécharger.

En mémoire de Jean-François Barnaud, par Marguerite-Marie Dubois
Barnaud_1954_2009.pdf
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Gloria CIGMAN, née MELINEK (1928-2018)

Lorsqu’elle entre en contact avec l’AMAES en 1987, Gloria Cigman est déjà une médiéviste angliciste chevronnée, dont la réputation, grâce au Medieval Sermon Studies Newsletter, qu’elle avait créé dix ans plus tôt, dépasse largement son Angleterre natale. En effet, sa recherche personnelle sur le sermon médiéval l’avait conduite, en 1977, à lancer ce bulletin, moyen très utile de communication sur papier (et par voie postale) avant l’ère de l’informatique. Cela fut suivi d’une série de colloques qui, jusqu’en 1986, eurent lieu à Linacre College, Oxford. La recherche homilétique de Gloria fut couronnée, en 1989, par la publication de son édition de textes, Lollard Sermons (Early English Text Society, OS 294).

Grâce donc aux rencontres scientifiques dans le domaine des sermons et des exempla, en latin et dans les langues vernaculaires, Gloria avait noué des relations amicales avec plusieurs historien(ne)s français(es) travaillant là-dessus, tels Nicole Bériou et Jacques Berlioz. Mais elle regrettait de n’avoir pu fréquenter les anglicistes, mis à part Leo Carruthers, qui participait aux symposiums qu’elle dirigeait à Oxford. Gloria ayant fait part à Leo de son désir de connaître l’AMAES, ce dernier l’incita à proposer une communication à l’un des colloques d’Amiens, organisés par Danielle Buschinger et André Crépin. C’est ainsi qu’elle prit part, en janvier 1987, au colloque amiénois dédié à la littérature religieuse, occasion de sa première rencontre avec André Crépin (son contemporain exact) et Hélène Dauby.

Une fois le contact établi, Gloria devint participante régulière aux activités des médiévistes anglicistes français, dans le cadre du CEMA-Sorbonne ainsi que de l’AMAES. Les réunions furent désormais marquées autant par ses interventions critiques que par son goût des discussions animées. En janvier 1990, au colloque sur le Mal organisé par Marie-Françoise Alamichel, elle donna une communication, « Le mal : les boucs de la création », publiée ensuite dans Aspects du Mal dans la culture anglaise du Moyen Âge (AMAES 15, 1990). Puis ce fut « Piety and Prejudice » dans The Medieval Imagination (AMAES 16, 1991). Elle contribua encore un article, « The Medieval Self as Anti-Hero », dans Heroes and Heroines in Medieval English Literature: A Festschrift Presented to André Crépin, dir. Leo Carruthers (Boydell & Brewer, 1994), mélanges publiés en l’honneur des 65 ans d’André.

Gloria résidait habituellement à Oxford, faisant la navette en voiture entre son domicile et l’université de Warwick, où elle était, depuis 1968, maîtresse de conférences en littérature anglaise. Mais elle aimait aussi la France, étant venue en touriste plusieurs fois depuis sa jeunesse, au point de vouloir y acquérir un pied-à-terre permanent. Ce sera chose faite en 1996, lors de son départ à la retraite de Warwick ; profitant enfin de sa liberté pour acheter un appartement à Charenton-le-Pont, en lisière de Paris, elle pouvait y venir plus souvent et y rester plus longtemps. Elle aimait surtout y passer le printemps et l’automne, quand elle faisait des promenades sylvestres au Bois de Vincennes et au joli Parc Floral. À partir de cette date donc, Gloria fut une participante assidue du groupe de lecture de textes anciens le samedi matin en Sorbonne ; elle ne manquera jamais non plus les colloques du CEMA, où elle donnera de nombreuses communications, souvent publiées par l’AMAES.

Spécialiste à la fois de Chaucer et du roman anglais (du XIXe siècle notamment), Gloria réussit à marier époques et genres, en rédigeant elle-même un roman historique, fruit de sa réflexion sur les Canterbury Tales. Publié à Oxford en 2007, A Wife There Was est une mise en scène de la vie supposée, cachée derrière le portrait qu’en offre l’œuvre de Chaucer, de l’un de ses personnages préférés : Alison, la Bourgeoise de Bath. Deux ans plus tard, sortira la traduction française du récit, due à notre amie Marthe Mensah. Racontée à la première personne par l’héroïne fictive, l’histoire permet à l’auteure d’explorer de nombreux sujets chers à son cœur, touchant aux questions sociales, économiques, religieuses et féministes de la fin du XIVe siècle. Démonstration de la maîtrise par Gloria du contexte historique de cette littérature qu’elle aimait tant, cette « biographie » souligne autant son imagination que son empathie. Le lecteur ne peut éviter d’identifier la romancière avec cette Alison imaginée.

Libre, indépendante, non conventionnelle, argumentative, cette battante savait aussi être une amie attentive, une conseillère sûre, qui n’hésitait jamais à donner son opinion – qu’on le veuille ou non. Mais l’avis de Gloria Cigman était toujours bienveillant, fruit de son expérience et de sa sagesse, éminemment pratique, réaliste. Cette grande chercheuse, à la personnalité marquante, nous a quittés, chez elle à Oxford, le 12 décembre 2018, à l’âge de 90 ans. Elle nous manque beaucoup, particulièrement à ses nombreux amis de l’AMAES.

 

Leo Carruthers (avec ses remerciements à Hélène Dauby), 03/12/2022.

 

Jean-Marc Gachelin (1937-2021)

Jean-Marc Gachelin est à nos yeux un représentant de l'érudition la plus fine, celle qui relie les linguistes et philologues de ce début du 21e siècle, qu'il a connu (cf. infra), à William Barnes (1801-1886), Fredericus Theodorus Visser (1886-1976) ou encore Fernand Mossé (1892-1956), en passant par des figures plus contemporaines telles qu' Émile Benveniste (1902 -1976), Jean Tournier (1933- ) ou Laurie Bauer (1949-).

Profondément enraciné dans ce qu'on appelle aujourd'hui les Hauts-de-France, Jean-Marc est né le 30 juillet 1937 à Calais, il a vécu très longtemps à Berck-sur-Mer et est décédé le 19 novembre 2021 à  Rang-du-Fliers. Il a été tour à tour Professeur agrégé d'anglais en poste au lycée à Montreuil-sur-Mer, Maître-assistant puis Professeur à l'Université de Rouen, et enfin Professeur à l'Université du Littoral, à Boulogne. Il a rédigé sa thèse de doctorat d'État, intitulée William Barnes, linguiste et poète (3 vols., Université d'Amiens, 1981), sous la direction d'une très grande figure de l'Université française, André Crépin, dont – pour l'anecdote – il avait été le premier étudiant en thèse.

Il était d'abord et avant tout un linguiste passionné par la variation, et à ce titre, ses intérêts se portaient sur la dialectologie, et plus spécifiquement le dialecte de Dorset, ainsi que sur la linguistique historique, en particulier l'étymologie. Son dernier article dans le Bulletin des Anglicistes Médiévistes, intitulé From OE tūn to town, a success story, and the fate of tūn on the Litus saxonicum, date de 2017 (BAM 17, pp.19-51) et combine au plus haut niveau dialectologie, toponymie et histoire de la langue anglaise.

Pour autant, si au regard de l'institution universitaire Jean-Marc était un linguiste angliciste, il est impossible de le cantonner à l'anglistique : il était en effet un très fervent lecteur de grammaires des langues les plus diverses, et il avait une connaissance très intime de la morphosyntaxe de nombre de langues, notamment sémitiques, romanes, germaniques. S'agissant de l'anglais, à côté de la dialectologie et de l'histoire de la langue, ses domaines de prédilection étaient la morphologie, la lexicologie et la lexicographie. Dans sa bibliothèque, il avait affiché en plusieurs endroits la photographie d'un personnage à longue barbe et couvre-chef plat de docteur de l'université : James Murray, de l'Université d'Oxford, un des pères du célèbre Oxford English Dictionary, chef d'oeuvre d'érudition et référence en matière d'étymologie et d'anglais ancien.

Jean-Marc Gachelin était un homme discret, qui avait choisi de construire sa vie professionnelle en marge des réseaux, loin des feux de la rampe. Nous savons qu'il a dirigé au moins les deux thèses suivantes : Étude sociolinguistique de l'anglais du Pays de Galles (Gary German, 1996) et (avec Jean-Marc Buisine) La Composition en anglais scientifique : application au domaine de la physico-chimie (Amélie Depierre, 2001). Il côtoyait aussi les linguistes anglicistes français les plus renommés de son époque et que ses qualités était appréciées d'eux, comme en témoigne sa participation au jury des thèses suivantes, entre autres : Traditions et innovations dans les dictionnaires monolingues généraux de langue anglaise depuis 1960 (Henri Béjoint, sous la direction de Jean Tournier, 1989) ; L'anglais non-standard contemporain : recherches de lexicogénétique et de sémantique lexicale (Aurélia Paulin, sous la direction de Jean Tournier, 1993) ; Épistémologie des théories grammaticales appliquées à l'anglais (Jean-Pierre Gabilan, sous la direction d'Henri Adamczewski, 1996).

Par ses travaux, et notamment ses travaux écrits en anglais, Jean-Marc a acquis une stature internationale trop méconnue dans le monde universitaire français : il était sans doute plus connu et apprécié parmi les linguistes britanniques, européens et américains que dans son pays d'origine. Nous voudrions ici mentionner certains de ses articles les plus célèbres, qui ont été salués notamment par Peter Trudgill et Matti Rissanen. Jean-Marc a publié son célèbre article "Transitivity and intransitivity in the dialects of South-west England" dans l'ouvrage de J. K. Chambers et Peter Trudgill (eds), Dialects of England: Studies in Grammatical Variation (New York & London : Longman, 1991). Ce livre comprend une collection d'articles écrits par Jenny Cheshire, Walt Wolfram, John Harris, William Labov, Ossi Ihalainen, Donna Christian et d'autres encore. Un autre article très important de Jean-Marc s'intitule "Polymorphy, redundancy and economy in dialectology: the case of the Dorset dialect", et est paru aux côtés de contributions de Manfred Görlach, Roger Lass, James et Leslie Milroy, Michael Montgomery, Wolfgang Viereck, dans l'ouvrage suivant : J. Klemola, M. Kytö, M. Rissanen (eds), Speech Past & Present: Studies in English Dialectology in Memory of Ossi Ihalainen (Vol. 36, Frankfurt am Main : Peter Lang, 1996). Plus récemment, dans son merveilleux livre intitulé William Barnes's Dialect Poems, A Pronunciation Guide (Adelaide : Chaucer Studio Press, 2010), Thomas L. Burton cite Jean-Marc Gachelin comme l'une de ses plus précieuses sources d'information. Il décrit ses analyses subtiles à de multiples reprises et déclare avoir été particulièrement impressionné par son article sur la transitivité (cf. supra).

La discrétion de Jean-Marc est à nos yeux une très grande qualité, qui tranche avec bonheur sur notre époque qui, hélas, tend à promouvoir un système de "stars". Mais loin d'être un savant-ermite qui n'aurait que peu produit, notre collègue était un véritable atout pour la communauté universitaire française. Il a non seulement publié des travaux en anglais, salués par des cercles internationaux, mais son anglais parlé était aussi impeccable et il aurait facilement pu passer pour un Anglais.

Autre qualité, Jean-Marc était un correspondant exceptionnel et infatigable. Il ne correspondait pas avec les seules personnes déjà connues de lui, collègues ou amis : il pouvait contacter spontanément un collègue après avoir lu un de ses travaux, ou répondre, tout aussi aimablement, à la requête d'un collègue admiratif de son érudition et cherchant un conseil auprès de lui : commençait alors en général un fructueux dialogue scientifique par courriers interposés, Ses lettres manuscrites, rarement inférieures à quatre ou cinq pages, étaient en général de véritables sommes sur un point de linguistique, écrites en deux couleurs, noir et rouge : Jean-Marc aimait par-dessus tout partager ses connaissances avec autrui, et de ce point de vue, la retraite ne l'a jamais rattrapé. En plus de cette forme de générosité, ses collègues et amis se souviendront de son humour, qui donnait à ses communications et autres interventions orales un ton unique.

À la fin de sa vie, Jean-Marc exprimait de vives inquiétudes concernant le devenir de sa remarquable bibliothèque. Ses livres vivent aujourd'hui dans d'autres collections, en particulier celles de jeunes chercheurs qui lui feront honneur par leur comportement, leur éthique et leurs travaux.

 

Gary German et Fabienne Toupin

Maria Katarzyna (Kasia) Greenwood, née Smolenska (†2014)

 

Maria Greenwood, d’origine polonaise, a fait ses études au Royaume-Uni. Elle découvre la France dans le cadre d’une bourse d’étude, puis s’y installe plus tard lorsqu’elle épouse un Français. Assistante à l’Université de Paris 7, elle y soutient en 1986 une thèse ayant pour sujet « Children in British Arts (16th c.-19th c.) », l’art étant un de ses domaines de prédilection. Elle obtient dans cette même université un poste de maître de conférences et poursuit ses recherches dans le domaine de l’art britannique.

C’est au moment de son habilitation que Maria s’est tournée vers les études médiévales et qu’elle a rejoint l’AMAES. Ayant appris que l’habilitation ne devait pas traiter du même sujet que la thèse, elle a décidé de faire porter ses efforts sur la littérature moyen-anglaise. Maria est alors devenue une fidèle des rencontres des médiévistes anglicistes à Paris, à Nancy et ailleurs, et y a présenté maintes communications portant sur la littérature moyen-anglaise et plus particulièrement Chaucer.

Les 31 articles présentés pour son dossier d’habilitation (soutenue en 1999 à Nancy sous l’égide de Colette Stévanovitch) couvrent les deux domaines de l’art britannique et de la littérature moyen-anglaise, et le jury a réuni des spécialistes de ces deux domaines.

A côté de sa carrière universitaire, Maria était également artiste, poétesse, actrice, productrice de pièces de théâtre. Ses intérêts divers, sa connaissance approfondie de trois cultures, polonaise, britannique et française, font la richesse et l’originalité de son parcours.

Un hommage est paru dans le Bulletin des Anglicistes Médiévistes 85, 2014, pp. 173-175 (en ligne sur Persée). Il reproduit un texte écrit par Maria elle-même et centré sur l’école de Somerville, au Royaume Uni, où elle a fait ses études secondaires.

Roland Maisonneuve

Roland Maisonneuve († 2015) a été membre de l'AMAES pendant de nombreuses années. Le mysticisme a occupé une place prépondérante dans sa vie, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Ce médiéviste prolifique, généreux et discret a noué de nombreux liens en France comme à l'étranger, notamment au travers de l'association internationale Interdisciplinary Research on Imagery and Sight qu'il a fondé au début des années 1980.

 

On lui doit de nombreuses publications dont les suivantes:

- L’univers visionnaire de Julian of Norwich, Editions O.E.I.L., Paris (1987), 358 p.

- La mystique de l’invisible, ‘Question de’ N° 91, Albin Michel, Paris (1992), 203 p.

- Les mystiques chrétiens et leurs visions de Dieu un et trine, Collection ‘Patrimoines’, Editions du Cerf, Paris (2000), 350 p.

- Dieu inconnu, Dieu Trinité (Anthologie) (Comment les mystiques chrétiens « voient » Dieu un et trine), Collection ‘Patrimoines’, Editions du Cerf, Paris (2002), 212 p.

 

Un hommage à Roland Maisonneuve est publié dans le Bulletin des Anglicistes Médiévistes n° 88.

Marie "Tissie" MARTIN, née VIET (1926-2013)

 

C’était sans doute vers 1984-1985, année où André Crépin a pris ses fonctions de professeur à Paris 4-Sorbonne, que Marie Martin (« Tissie » pour les intimes) a commencé à suivre les cours de ce dernier en anglais médiéval. En tout cas, Hélène Dauby, qui a soutenu sa thèse en 1985 (point de repère, donc, pour notre mémoire collective des événements), se souvient d’avoir rencontré Marie, qui lui fut présentée par André, vers 1986-1987. Cela permet d’affirmer que c’était bien au milieu des années 1980 que Marie entre en contact, d’abord avec le CEMA-Sorbonne, puis avec l’AMAES. Déjà âgée de 60 ans à ce moment-là (juillet 1986), Marie restera membre fidèle de l’association jusqu’à la fin de ses jours ; elle assistera très régulièrement aux colloques ainsi que, le samedi matin, au groupe de lecture de textes anciens.

Désireuse d’avancer dans la recherche, sous la direction d’André, Marie passe la Maîtrise et le DEA (on ne disait pas encore « Master 1 et 2 », avant la rentrée 2005). Ne se contentant pas de l’obtention de ces diplômes, elle continua, des années durant, par plaisir et par intérêt intellectuel, d’assister aux séminaires de Maîtrise en Sorbonne, non seulement à ceux d’André Crépin, mais ensuite à ceux de Leo Carruthers, qui succède à André en 1994. Présentée par Leo, elle fera aussi la connaissance de Marguerite-Marie Dubois, à qui elle rend régulièrement visite dans sa retraite studieuse, et dont elle appréciera beaucoup les conseils avisés pour sa future recherche.

Invitée par Leo à parler, en mars 1997, au colloque du CEMA qui avait pour thème « les Quatre Saisons », Marie Martin y fait une communication remarquée, intitulée « Noël et Pâques : une iconographie chrétienne anglo-saxonne du VIIe siècle ». Elle y consacre une large part à l’analyse du coffret d’Auzon, appelé le Franks Casket en anglais, connu tant pour ses inscriptions runiques que pour son iconographie mystérieuse, curieux mélange d’images mythologiques et religieuses, difficiles à interpréter. Encouragée ensuite par Leo à s’inscrire en doctorat la même année, dans le but d’approfondir sa réflexion, Marie se donne comme sujet de recherche « Une approche chrétienne du coffret d’Auzon ». En juin 2002, à presque 75 ans, elle soutient sa thèse devant un jury composé, outre son directeur, de Régis Boyer, Henry Daniels, et Martine Yvernault, obtenant le doctorat avec les félicitations. S’appuyant tant sur l’iconographie que sur les runes, son étude permet à la doctorante d’attribuer au célèbre artefact une fonction religieuse ; interprétant les runes comme une énigme, dans la tradition latine et anglo-saxonne des énigmes du Livre d’Exeter, elle en propose la solution originale, « Je suis un reliquaire ».

Tissie Martin, comme elle se faisait couramment appeler entre amis, semble avoir hésité quant à la forme officielle de son nom. Si elle est Marie Martin-Viet sur la couverture de sa thèse (le nom de jeune fille étant placé après celui d’épouse), sur certaines de ses publications elle adopte l’ordre contraire, devenant Marie Viet-Martin. C’est notamment le cas d’une monographie qu’elle publie, à compte d’auteur, en mars 2006, quatre ans après la soutenance, intitulée De Wôden à Jésus. Histoire de la christianisation de l’Angleterre. Fondé sur sa thèse, mais adoptant une optique historique plus large (sans se concentrer sur le coffret d’Auzon), ce petit volume de 134 pages, dans le même format que le BAM, examine la pratique religieuse des habitants de l’île de Bretagne, allant de la préhistoire celtique à la conversion des Anglo-Saxons au VIIe siècle.

Courageuse, franche de verbe, de style un tantinet bohème (favorisant les bijoux et les ensembles de couleurs variées), Tissie ne passait pas inaperçue. Nous garderons un souvenir affectueux et amusé, non dénué de respect, de son originalité. Deux ans après le décès d’André Crépin, son cadet d’un an, cette grande dame nous a quittés, le 2 juillet 2013, à la veille de ses 87 ans.

 

Leo Carruthers (avec ses remerciements à Hélène Dauby), 03/12/2022.

Geneviève Nore

Originaire du Limousin, terre à laquelle elle était très attachée, Geneviève Nore fit toute sa carrière à l’Université de Limoges. Après des études effectuées à l’Université de Poitiers, jusqu’au doctorat, Geneviève Nore fut nommée Maître de Conférences au Département d’Études Anglophones de l’Université de Limoges. Sa thèse fut dirigée par Jean-Robert Simon, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne. Soutenue en 1979, sa thèse était consacrée à une édition critique de quelques poèmes du Manuscrit d’Exeter.

Nommée Maître de Conférences, Geneviève Nore s’attacha à maintenir vivantes les études médiévales anglaises, le vieil comme le moyen-anglais, depuis la première année jusqu’au niveau de l’Agrégation. Au prix d’un travail courageux et volontaire, d’inlassables efforts au service de tous, elle sut défendre le Moyen Âge anglais.

 

Très impliquée dans son département universitaire, Geneviève Nore fut particulièrement attentionnée et bienveillante envers les étudiants comme en témoignent son organisation et sa défense de la Bibliothèque d’anglais, ainsi que son souhait d’épauler la recherche à travers la création d’un prix de Master, décerné par l’Association des Médiévistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur, à un mémoire de recherche de qualité. À l’initiative de sa sœur Thérèse, elle aussi universitaire et attachée à la transmission de la connaissance, ce prix traduit le souhait qu’aurait exprimé Geneviève Nore de continuer à œuvrer pour le passé de la langue et de la culture anglaises en consolidant son champ de recherche et en encourageant les étudiants à s’intéresser à un domaine riche et utile, impliquant autant la grammaire, la littérature, l’histoire que la civilisation et l’art.

Frédéric Sowa (1976-2004)

Frédéric Sowa était un brillant étudiant, passionné de Moyen Âge. Il a fait un DEA de littérature moyen-anglaise sous la direction de Colette Stévanovitch à l’Université Nancy 2 (maintenant Université de Lorraine) en 2000, sur le sujet : « Le rôle des personnages féminins dans la littérature arthurienne : une étude basée sur des textes médiévaux anglais ». Le travail qu’il a fourni dépassait de beaucoup les attentes pour un mémoire de DEA.

Frédéric a ensuite présenté une communication à l’un des colloques du GRENDEL à Nancy : « L’interprétation du mot manhod dans Lybeaus Desconus : un exemple de geis dégénéré ». Cette communication a été publiée dans les actes du colloque en 2005. Des participants au colloque se souviennent encore de ce début si prometteur.

Après une année comme lecteur en Angleterre et une première approche de l’enseignement en tant que professeur certifié, Frédéric prévoyait de poursuivre ses recherches en préparant une thèse dans le domaine de la littérature moyen-anglaise. Une leucémie l’a emporté avant qu’il ait pu concrétiser ce projet.

Frédéric laisse le souvenir d’un jeune homme enthousiaste, volontaire (parfois têtu !), attachant, doué de grandes qualités intellectuelles et humaines, qui aurait fait un excellent chercheur dans le domaine des études médiévales.